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l’idole de Fo (ou Foto, personnification chinoise de Bouddha), il ne paraît pas qu’il y ait eu en Chine de vains simulacres des dieux ni aucune statue.

II. Les données que nous avons sur la littérature d’une incomparable richesse de l’Inde[1], qui est plutôt un monde qu’une contrée du monde, sont plus complètes que celles que nous possédons sur la Chine. Quoique nous n’ayons rien de certain sur les temps où se forma et se développa la doctrine des Indous, il paraît désormais constant que le Brahmisme est plus ancien que le système de Bouddha, dont on ignore la véritable origine (entre 1000 et 500 ans avant J.-C.). Sérieusement persécutée dès le premier siècle après Jésus-Christ, la doctrine de Bouddha fut complètement expulsée de l’Inde orientale entre le XIIe et le XIIIe siècle. Mais, souple et flexible, elle se répandit dans toutes les îles des Indes occidentales, la plus grande partie de l’Inde au delà du Gange et de la Chine, le Thibet, la Mongolie, jusque dans l’empire russe. Du reste, le brahmisme et le bouddhisme sont si souvent mêlés et confondus qu’il est difficile d’en reconnaître les éléments distincts. Le plus merveilleux document de l’antique civilisation indienne, le sanscrit, langue sacrée des Indiens, si riche, si polie, si philosophique, se trouve dans les Védas (science, livre sacré, révélé). Ces Védas sont les quatre plus anciennes collections des vérités primitives de la religion, découlées, dès la plus haute antiquité, des lèvres mêmes de Brahma, selon les traditions de l’Inde ; ils sont le fondement de sa religion, de sa législation et de sa littérature. Cependant les décisions positives du droit sont contenues dans les lois de Manou, le premier homme qu’on représente sensiblement comme le petit-fils de Brahma. Les Védas et les lois de Manou, desquels se déduit tout le développement ultérieur, doivent être considérés comme les formes les plus anciennes de la civilisation indienne.

La religion de l’Inde nous présente déjà un progrès marqué dans la science religieuse. Elle insiste fortement

  1. Frédéric de Schlegel, de la Langue et de la Sagesse des Indous. Heidelb., 1808. — P. de Bohlen, l’Inde antique mise en regard de l’Égypte. Dœnigsb., 1830. — Windischmann (Frider. filius), Sancara, s. de Theologumenis Vedanticor., Bonnæ, 1832-34.