Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/77

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qui tout naît et persiste, qui est à la fois l’unité totale et le créateur du monde. En lui sont l’idée et l’être, et comme tel il se nomme Tao (raison, mesure, loi). Tian et Tao sont l’éternel immuable et la source de l’opposition d’où sort le mouvement illusoire du monde des apparences. Tian, qui dans le système chinois est, à proprement dire, la totalité abstraite, l’espace, vide, l’universalité des choses, se manifeste personnellement d’abord dans l’empereur (Jao ! — Jéhovah !). De son infinie majesté dépendent la nature et l’histoire ; en lui se rencontrent unis la nature et l’esprit, l’élément sidéral et personnel. Tandis que Tian est le vide divin, l’empereur est le moteur et le soutien de toutes choses, sans être cependant réellement Dieu. À côté de cette idée si fausse de l’Être divin, de sa manifestation et de ses rapports avec le monde, nous trouvons chez les Chinois une réminiscence positive d’un état de pureté originelle de l’homme dans le Paradis, de sa chute, de la transmission du péché et de ses suites, et une attente pleine de confiance d’un Sauveur spirituel, fils du Ciel, Tian visible, Saint des saints, Maître, Réparateur et Monarque, qui doit venir de l’Occident communiquer à l’humanité une vie nouvelle, de nouvelles forces, et que les peuples de la terre attendent avec la même impatience que les plantes desséchées la rosée du ciel[1]. Les écrits du célèbre Confucius (vers 550 avant J.-C.) surprennent par la pureté peu commune de sa morale. Des divisions s’introduisent dans la doctrine religieuse dès le temps de Mencius[2] (Meng-tseu, né vers la fin du IVe siècle), que les Chinois appelaient le second saint,  tandis qu’ils nommaient Confucius le saint ; ils les comparaient tous deux au soleil et à la lune. Peu à peu les progrès de la secte des bouddhistes (vers 200 avant J.-C. et 65 après J.-C.) mêlèrent à l’ancienne doctrine déjà bien altérée un culte tout idolâtrique. Avant l’introduction de

  1. L’adoration primitive et symbolique du ciel et de la terre, ainsi que de leur représentant, l’empereur, fut, dans la suite, si entièrement méconnue et viciée que ce dernier fut considéré comme la Divinité elle-même. (Windischmann, p. 37-40).
  2. Idem, p. 364 et 454. Schmitt, I. c., p. 223. Voyez sur Mencius et Confucius, Windischmann, I. c., p. 423-61. Cf. Schott, trad. des Œuvres de Conf. et de ses élèves. Halle, 1826. Cf. Lauterbach, qui le réfute.