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austères. La nécessité de cette restauration est le fond de la doctrine de la transmigration des âmes, qui doivent se détacher de plus en plus de ce qui est périssable, et, ainsi purifiées, se rendre dignes de s’unir à l’unique substance divine. Ce qu’il y a d’essentiel dans cette doctrine, c’est la foi positive et inébranlable de l’immortalité de l’âme.

Brahm, divinité indéterminée et sans forme, se manifeste personnellement comme Parabrahma, et nulle part dans le paganisme nous ne trouvons une idée plus haute, plus pure, plus nette de la Divinité et de ses attributs absolus. Parabrahma, en effet, est l’Être, en soi, de soi, toujours semblable à lui-même, infiniment parfait, le principe primordial, pur, saint, présent partout, Un, éternel et tout-puissant, il est l’auteur de l’univers et la providence du monde. Cependant Parabrahma ne reste pas dans son abstraite simplicité ; il se distingue et se manifeste par Brahma, Vischnou et Schiva, principe créateur, conservateur et destructeur. Chacun de ces termes subsiste en soi et a une conscience personnelle. Telle est la Trimurti ou Trinité indienne. Ces trois divinités sont aussi, et en même temps, des puissances démiurgiques, qui se manifestent et s’incarnent dans les Avatars (incarnations humaines et animales). Ici sans doute se trouve l’idée grande et sublime de l’incarnation de la Divinité, prenant une forme humaine, afin de réconcilier le fini avec l’infini, et prévenant l’homme dans son désir et son retour vers la vérité et la bonté éternelles. Mais bientôt l’idée se dégrade ; la Divinité s’abaisse tellement, en revêtant les formes finies, qu’elle prend part aux joies impures de la matière, et de là les générations obscènes et l’horrible commerce des dieux, nommément de Brahma et Schiva, auprès desquels les rapports de Jupiter et d’Alcmène sont de chastes amours. Toujours l’erreur marche de front avec la vérité dans les religions même les plus pures du paganisme : à côté de l’idée pure de la Divinité vient la fausse notion de la jalousie des dieux, qui les pousse à précipiter l’homme saint dans le péché pour ne point perdre leur puissance sur lui. Plus la Divinité s’unit au fini en s’incarnant, plus le fini se mêle à la vie divine pour la souiller, plus le système religieux tombe dans le panthéisme et ses écarts. Déjà la reli-