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gion de Foé enseigne que tout ce qui se manifeste n’est rien, ce qui se traduisit par la proposition bouddhiste que tout est un, et voilà manifestement le panthéisme le plus strict, d’après lequel il n’y a qu’une substance divine, absolue ; hors d’elle, rien : point de substance relative ; tout se perd dans l’unité de l’esprit et de la nature, dans l’immensité de la substance unique ; Dieu est au monde ce que la substance est à l’accident. Alors s’évanouissent toute liberté, toute différence entre le bien et le mal ; la vertu et le vice sont d’une même force : plus de fin raisonnable à la création ; les manifestations de la vie ne sont qu’un jeu de la Divinité ; c’est le fatalisme, doctrine si répandue dans l’Orient.

III. Le bouddhisme tire son origine de Gautamas (Bouddha, probablement vers 550 av. J.-C.). Il n’apparut qu’une fois, pour commencer une ère nouvelle dans la civilisation des mondes, ne laissa point d’écrits, de sorte qu’il est difficile de déterminer la forme primitive de sa doctrine, qui, en bien des contrées et en des temps divers, s’est formulée de manières très-différentes. La donnée la plus ancienne de cette doctrine semble être une conception purement abstraite de la Divinité, comme celle des Chinois. Dieu n’est pas la base de l’existence ; c’est l’espace éternel, rempli de matières ou d’atomes qui s’agrègent d’après des lois éternelles pour former les mondes. Le monde lui-même est vivifié par un esprit qui s’individualise sous d’innombrables formes dans la matière, tout en restant lui-même dans un perpétuel repos, et gouvernant le monde par le Fatum Cependant l’homme est libre ; il sera jugé d’après ses actions. L’âme du juste, délivrée de sa prison, s’unira à Dieu. Le monde spirituel se divise en trois régions : 1o le monde inférieur des formes terrestres, où règne Brahman ; 2o le monde supérieur de l’esprit, ayant forme et couleur ; 3o le monde le plus élevé de l’être pur, de l’être sans couleur ni forme. La doctrine de Bouddha a pour but de montrer à l’homme, déchu du monde supérieur dans la sphère terrestre, la voie pour se relever par la pénitence. En somme, cette doctrine est abstraite, stérile et vide ; la volonté y est destituée de son empire ; l’homme s’imagine accomplir sa destinée quand il réfléchit l’être objectif dans