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peuple les adorerait bientôt comme des dieux : aussi les Grecs ne virent-ils plus tard dans les Perses que des polythéistes, qui, au lieu d’adorer comme eux des hommes, divinisés, rendaient hommage aux étoiles et aux éléments. La dissolution morale qui régnait à la cour de Xerxès Ier, et se répandit bientôt parmi le peuple, changea le besoin inné de la foi en superstition. L’hellénisme, à son tour, si dédaigneux de tout ce qui était barbare, vint à la suite des victoires d’Alexandre achever de corrompre ce qui restait des vestiges de la plus haute antiquité, parmi les Mages, conservateurs et gardiens de la science. Sous les Sassanides la foi de Zoroastre devint de nouveau la religion de l’État ; mais elle tomba bientôt, par l’ignorance et la dégénération des prêtres et des fidèles, dans une si grossière idolâtrie que les écrivains ne font plus mention que de ses idoles, de son culte du feu matériel ; ce qu’ils rapportent de l’immoralité qui régna à la suite de cette décadence religieuse, à la cour même des Sassanides, est épouvantable.

V. Dès que la religion de l’Inde déchut, elle inclina au fatalisme. Quand l’homme ne reconnaît plus sa vraie destination, il s’en crée une, et la pose dans la jouissance, à laquelle il consacre ses forces, sa pensée, toute son activité. Que s’il songe encore à s’élever à quelque chose de plus haut, de plus divin, pour l’honorer, il adresse son hommage à la force brutale de la nature, et le matérialisme devient sa religion. Si déjà on sent cette tendance chez les antiques Indous, combien elle est plus marquée dans les contrées de l’Asie occidentale, chez les Chaldéens, les Phéniciens et les Syriens ! Ce que les cultes de ces peuples ont de commun, c’est l’adoration du soleil, de la terre et de la lune, médiatrice entre ces deux extrêmes. On voit poindre déjà le culte de la lune dans la Mithra perse ou dans l’étoile dont la douce lumière annonce le soir et le matin. Ce sont les Chaldéens[1] surtout qui ont développé ce culte des astres (sabéisme)[2]. La terre ou le principe passif, fé-

  1. Jerem. VIII, 2.
  2. Sur le sabéisme, cf. Cic., de Nat. deor. II, 21. — Lactant., Institut. II, 5 et 10 sq. — Kleuker, de l’Origine du sabéisme, d’après les livres saints, abrégé du Zend-Avesta.