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ont une trimurti solaire formée par Aman, Phtha et Kneph, semblable aux Brahma, Wischnou et Schiva des Indiens. Une des principales tendances de cette religion est de résoudre la question de l’opposition qui règne dans l’univers, et que la religion des Perses laisse indécise. De là le dieu souffrant, mourant et ressuscitant, Osiris, qui souffre et meurt, non dans et par des manifestations diverses et des incarnations multiples, mais dans un sens beaucoup plus sérieux et plus profond, comme un sujet substantiel, qui, après sa mort, ressuscite et s’élève glorieux. Mais ici reparait l’erreur ; tout cela se perd dans des faits naturels, et c’est tantôt le soleil, tantôt le Nil qui est ce dieu souffrant, mourant et ressuscitant. Ainsi se conserva à la fois et s’altéra profondément parmi les peuples du monde ancien l’idée du Libérateur promis, vers lequel se portait sans cesse leur vague et ardent désir. Quant à l’immortalité, il est probable que les croyances populaires différaient de la religion des prêtres.

§ 26. — Religion, moralité des Grecs.
Lasaulx, la Légende d’Œdipe, et de Prométhée, le Cantique de Linus. — Les Sacrifices d’expiation et les prières chez les Grecs et les Romains. — L’Oracle de Dodone. — Wurzbourg, 1840.

C’est vraisemblablement de l’Égypte et de la Phénicie que le peuple puissant de la Grèce reçut les germes de sa civilisation et de sa foi. Mais en les développant plus tard d’une manière si originale et si classique dans les sciences, les arts et la poésie, les Grecs revêtirent toutes les antiques traditions des couleurs de leur imagination brillante, vivement excitée par la ravissante nature qui les entourait. Nul peuple de la terre ne fut à la fois si spirituel et si sensuel : et ce double caractère s’imprima dans toutes ses opinions religieuses. Homère et Hésiode furent ses autorités principales ; Homère surtout sut, avec un génie et un cœur éminemment grecs, embellir l’Olympe fort obscur et fort confus avant lui. Cependant toutes les divinités de son Olympe ont la plus entière ressemblance avec l’homme dont elles partagent les mœurs, les occupations, les désirs, les passions, les vices et les vertus, et qui, comme lui,