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La philosophie avec la religion. Selon Pythagore, né à Samos et fondateur de l’école de Crotone en Italie (584-504 ou 489 avant J.-C.), le système des nombres est l’archétype et la forme nécessaire de toutes choses ; le monde est un tout harmonieusement ordonné, qui gravite, dans des rapports harmoniques, vers le centre de l’univers (le soleil, feu de Jupiter). Les étoiles sont animées et ont quelque chose de divin ; les démons sont des êtres intermédiaires entre les dieux et les hommes. Dieu est la force même de la nature, le principe actif universel, le fatum, mais un fatum ennobli par les attributs moraux de la vérité et de la bonté. Ce qui caractérise proprement la doctrine des pythagoriciens, c’est l’idée de la métempsycose et des conséquences qui en ressortent.

Platon, né à Athènes (430-348 avant J.-C.) enseignait l’existence d’un Dieu suprême, libre, juste et sage, d’un Dieu esprit, et la préexistence des âmes. Il connaissait vaguement la chute de l’humanité, pressentait l’immortalité de l’âme, les récompenses et les peines après la mort[1]. Quant à la certitude sur toutes ces vérités, on ne pouvait l’attendre, disait-il, que d’une parole divinement révélée[2]. C’est à lui qu’appartient cette belle définition : « Philosopher, c’est apprendre à mourir (μελέτη θανάτου (meletê thanatou)). » Cet enseignement, qui semble préluder aux vérités chrétiennes, ce sentiment de la nécessité d’un secours supérieur qu’on trouve chez Platon, cette espèce de prédiction de la rédemption, du monde, ont toujours rendu la doctrine platonicienne précieuse aux penseurs chrétiens, et l’ont fait nommer par Boost la préface humaine de l’Évangile[3]. Mais alors même que Platon s’élève au-dessus des images de la Grèce, il n’en

  1. Bilharz La doctrine de Platon est-elle le théisme ? Carlsr., 1842.
  2. Platon dit dans le Phédon : Εἰ μή δύναιτο ἀσφαλέστερον ϰαὶ ἄϰιν-δυνότερον ἐπὶ βεϐαιοτέρου ὀχήματος ἣ λόγου θείου τινὸς διαπορευθῆναι. (Ei mê dunaito asphalesteron kai akin-dunoteron epi bebaioterou ochêmatos hê logou theiou tinos diaporeuthênai). Xénophon dit le même, Memorabil. lib. IV, c. 3. n. 16 : Πῶς οὖν ἄν τις ϰάλλιον ϰαὶ ἐυσεϐσέτερον τιμῲη Θεοὺς ἤ ὡς αὐτοὶ ϰελέυουσι οὕπω πριῶν. (Pôs oun an tis kallion kai eusebseteron timôn Theous ê hôs autoi keleuousi houpô priôn). Conf. IV, 4, 25.
  3. Boost, Hist. mod. de l’humanité. Ratisb., 1836, 1re part., p. 20. — Ackermann, le Christianisme de Platon. Hamb., 1836. — August., de Civit. Dei, VII, c. 4-13. — Mattes, Platon chrétien, Rev. trim. de Tub., 1845, p. 479-520.