dignité humaine dans l’esclave, qu’il prétend que son âme est privée de tout attribut rationnel.
Les écoles philosophiques qui s’élevèrent par la suite prêtèrent un bien plus faible appui encore à la religion et à la morale, puisqu’elles ne firent qu’augmenter les contradictions et les erreurs de ces grands maîtres de la philosophie. Selon Épicure, de Gargette, près d’Athènes (337-270), et d’après ses disciples, le souverain bien est dans la jouissance terrestre ; de là leurs efforts pour bannir toute croyance en une Providence et en l’immortalité, qui aurait pu troubler leur grossière sécurité. Le monde n’est si admirablement disposé pour atteindre sa destination que par le hasard ; les dieux ne prennent aucun soin des choses humaines. L’âme de l’homme n’est qu’un corps plus subtil que les autres, qui naît et meurt comme eux. À l’encontre de l’épicuréisme, le Portique, fondé par Zénon, de Cittium, dans l’île de Chypre (vers 300), a mérité l’estime des âmes fortes et généreuses, par son noble enthousiasme pour l’idéal de la moralité, en enseignant que la vertu est le bien souverain, l’unique bien parfait en soi, en apprenant à mépriser la douleur, à se suffire à soi-même dans le sentiment de sa dignité. Mais en même temps qu’il paraît ainsi fonder une morale plus pure, il détruit la religion, car il exalte l’orgueil jusqu’à l’apothéose du moi humain. Le stoïcisme panthéiste et fataliste exclut aussi la foi à un Dieu gouvernant tout avec patience et amour, et admet plutôt un esprit universel de qui tout émane et qui réabsorbe tout en lui. On objecta dès le principe aux stoïciens que leurs idées de liberté et de fatalité étaient inconciliables.
La nouvelle Académie date d’Arcésilas (vers 318-241) ; elle prend un caractère plus marqué sous Carnéade (215-130) deuxième et troisième Académie. Elle déclare la guerre à la vérité même, d’abord en niant le critérium de la connaissance admis par les stoïciens, puis en s’attaquant à toute certitude en général. Son scepticisme augmente le désordre, achève de troubler et de désoler les intelligences, en sapant complètement les croyances de la religion populaire.
Avec la religion, la Grèce perd la conscience et les mœurs, et de là cet aveu si pénible au sentiment national,