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et qui échappe au Grec Polybe[1] : « Je ne confierais pas un talent d’or à un Grec, quand il me donnerait dix écrits signés de sa main, scellés, légalisés et confirmés par deux fois autant de témoins ; le serment d’un magistrat romain suffit pour garantir l’administration des plus fortes sommes. » De là la pédérastie, généralement répandue, divinisée dans Ganymède, inspirant le chant des poëtes, les œuvres de l’art ; de là le culte immoral d’Aphrodite et d’autres divinités honteuses, images fidèles et modèles infâmes de la dépravation universelle ; de là enfin la douleur indicible des esprits les plus nobles, que de plus généreux besoins poussaient invinciblement vers la vérité et une nouvelle alliance avec le Ciel. Partout se prononçait le désir d’une révélation divine, qui seule pouvait donner certitude et repos, au milieu de la lutte des opinions humaines. Le temps où cet ardent désir devait être satisfait était proche.

§ 27. — Religion et mœurs des Romains.
Hartung, la Religion des Romains d’après les sources. Erlangen, 1836. — Ambrosch, Livres religieux des Romains, Bonn., 1843. — Pellegrim, Distinction primitive des patriciens et des plébéiens fondée sur la religion. Leipzig, 1842.

L’art, l’élément esthétique prédomine dans la religion des Grecs ; dans celle des Romains, c’est l’élément politique et moral. Conformément à son origine étrusque, celle-ci est sérieuse, presque sombre, et exerce dès les temps les plus anciens une immense influence sur la morale publique et privée. Lucrèce, atteinte dans sa chaste vertu, s’arrache une vie déshonorée. Que de magnifiques preuves les premiers Romains nous donnent de leur amour de la vérité et de la justice[2], de la patrie et de la liberté ! C’est à ses vertus que Rome dut sa grandeur. Mais avec l’esprit républicain s’évanouit l’esprit religieux, intimement uni à la constitution politique et civile de l’antique Rome ; avec la religion s’évanouit le sérieux moral des Romains. À la suite des victoires, des conquêtes et des dépouilles des vaincus, s’in-

  1. Polybii Hist VI, 54.
  2. Augustin., de Civit. Dei, I, 19, 24 ; V, 18.