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LES AVENTURIERS DE LA MER


pérés du docteur Spolasco qui d’une main leur montrait sa bourse, et de l’autre tenait son chapeau dans une attitude suppliante, ils se retirèrent indifférents, emportant ce que la mer leur avait offert.

D’autres paysans vinrent en curieux ; les naufragés essayèrent de leur faire comprendre par signes qu’on pouvait construire un radeau et le diriger du côté de leur refuge ; mais ce fut en vain. Alors les malheureux s’abandonnèrent au désespoir, en pensant qu’on les laisserait mourir sans leur venir en aide : horrible chose à constater ! à quelques encablures du rivage ! C’est à cinq milles de Roberts-Cove que le naufrage avait eu lieu.

Enfin, des êtres plus humains eurent connaissance de la situation des naufragés. Un habitant du pays, W. Hull, fut informé du sinistre par un nommé John Galwey, qui avait aperçu les naufragés sur leur rocher. W. Hull arriva une heure après avec du monde.

On descendit l’effrayante côte, au pied de laquelle John Galwey s’efforçait de diriger vers le rocher des canards aux pattes desquels il avait attaché des lignes ; mais ces oiseaux revenaient toujours vers le rivage. Il fallut renoncer à ce moyen de faire parvenir aux naufragés la corde de salut. Alors Hull, se débarrassant de son habit et de son chapeau, se mit à lancer des pierres de toutes ses forces : ces pierres devaient mettre les lignes entre les mains des pauvres patients ; ce fut encore sans succès. On eut recours à un autre moyen suggéré par un nommé Mills, garde-côte à Roberts-Cove : il proposait d’envoyer les lignes en les fixant à des balles lancées par un fusil et devant atteindre au-delà du rocher pour ne blesser personne. Ce moyen qui semblait bon, fut encore abandonné, nous ne savons pourquoi ; peut-être parce que le fil cassait ou prenait feu au moment de l’explosion. La Société de sauvetage emploie, au lieu de balles, des flèches, mais le fil se déroule hors du canon du fusil.

Enfin, W. Hull et son frère eurent l’heureuse idée de réunir des cordes assez longues pour pouvoir contourner le littoral. Le rocher des naufragés se trouvait sur l’axe de deux pointes très élevées, s’avançant dans la mer. Quand on eut tendu cette corde au-dessus de leur tête, on la laissa retomber jusqu’à eux.

Les naufragés attendaient anxieusement le résultat de cette opération. La nuit venait ; mais ils pouvaient espérer qu’ils n’auraient pas encore à passer sur le rocher une de ces horribles nuits, qui enlevaient quelques-uns d’entre eux. Les premiers qui saisirent la corde s’y cram-