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LES AVENTURIERS DE LA MER


On doit citer encore sur notre littoral quelques phares importants. Ce sont les phares du cap Gris-Nez près de Calais, de Saint-Valery-sur-Somme, de Dieppe, de Planier, près de Marseille ; il y en a au fond de la baie de Saint-Malo, sur tout le littoral de la Bretagne ; le phare de l’île de Bas est pour les navires un avertissement de se tenir à distance, ceux de Bréhat et du cap Frehel indiquent au contraire l’ouverture du golfe de Saint-Brieuc. Près de Brest, se trouve le phare de Saint-Matthieu. Il y a trois feux à l’embouchure de la Loire. Nous avons parlé de la tour de Cordouan ; il y a aussi des phares à Arcachon, à Bayonne, d’autres sur la Méditerranée.

Le dernier édifié sur notre littoral est le phare d’Eckmühl, qui a été inauguré le 16 octobre 1897. Il s’élève à l’extrémité sud de la pointe de Penmark. Son érection est due à la générosité de la comtesse de Blocqueville née d’Eckmühl, qui a légué une somme de trois cent mille francs à cette intention, en stipulant que le phare auquel elle donnait le nom de son père serait construit à l’un des endroits les plus dangereux des côtes de l’Océan. Les travaux ont duré quatre ans, ce qui est peu. Ce phare est illuminé par un appareil de feu-éclair électrique d’une puissance de trente millions de bougies. Durant la nuit, sa portée lumineuse dépasse cent kilomètres ; elle est ramenée à quarante kilomètres par les temps brumeux. — Avec le feu électrique, la tour porte à son sommet un signal sonore constitué par une sirène à air comprimé qui peut être mise instantanément en fonction.

L’Angleterre possède trois cent soixante phares et une cinquantaine de lanternes flottantes. Le plus célèbre de tous ces feux est le phare d’Eddystone, dans la Manche, vis-à-vis de Plymouth, sur des récifs à fleur d’eau, au milieu desquels les vagues de l’Atlantique viennent former des tourbillons.

Depuis des siècles, un grand nombre de bâtiments s’étaient brisés sur les arêtes meurtrières de ces écueils. Il semblait impossible d’établir un phare sur ces îlots, lorsqu’un mercier du comté d’Essex, nommé Henry Winstanley, tenta de résoudre la difficulté. C’était un homme ingénieux dont la maison était encombrée de pièces de mécanique amusante. Le phare dont il entreprit la construction en 1696 eut l’apparence bizarre d’une pagode. Inauguré en 1700, le phare de Winstanley résista trois ans aux rafales, et finit par être emporté dans un ouragan, avec les malheureux qui s’y trouvaient enfermés, y compris l’architecte.