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LES AVENTURIERS DE LA MER


baissa, et à onze heures, le vent se mit à souffler avec une violence inouïe, accompagné d’averses diluviennes.

Dans la ville de Saint-Pierre, un grand nombre de maisons eurent leur toiture enlevée. Les dégâts de ce genre durent être évalués à plus de deux millions. Mais c’est la rade ouverte et toujours si animée de cette charmante ville qui fut le théâtre des scènes les plus émouvantes. Les navires chassaient sur leurs ancres, et, s’entraînant les uns les autres, se brisaient à la côte. Les caboteurs disparurent, ainsi que les chalands et toutes les embarcations. Les longs courriers français Lemnos, Tapageur, P.-A.-J., Bayadère et Mysore et le brick anglais Clio furent complètement perdus. Le petit steamer la Perle, qui faisait le service de Saint-Pierre, la ville commerciale de l’île, à Fort-de-France, siège du gouvernement, sombra, entraîné par le P.-A.-J. Un brick anglais, le Ruby, parti de Saint-Pierre quelques heures avant la tourmente, fut ramené à la côte où il se brisa. Le croiseur de l’État, le Rigault-de-Genouilly, reçut l’ouragan dans toute sa force dans la mer des Antilles. Par deux fois, il traversa le cyclone. Sur le rivage, toute la population s’était portée au secours des naufragés, et, à force de dévouement, on parvint à arracher à une mort certaine l’équipage des navires en perdition.

Un ouragan qui, dans les derniers jours de janvier 1884, traversa la Manche, occasionna aussi de nombreux naufrages de bâtiments de commerce.

Au mois de décembre de la même année, un terrible typhon causa des dommages considérables sur les côtes occidentales du Japon. Plus de deux mille personnes perdirent la vie ; une centaine de jonques coulèrent bas, et les rafales démolirent un millier de maisons.

Un ouragan souffla, le 9 février 1886, sur le littoral de l’Algérie. À Oran, sous l’assaut des lames, la jetée du nord fut défoncée en quatre endroits, et la mer, qui déjà passait par-dessus la jetée, s’engouffra alors par les brèches, mettant presque tous les bâtiments en danger. Quelques grands navires eurent de sérieuses avaries, à la suite des abordages causés par la rupture de leurs amarres. Quant aux chalands et bateaux de pêche, la plupart d’entre eux disparurent. À Arzew, le phare de l’entrée du port fut emporté dans la nuit ; les vagues furieuses avaient envahi les quais et inondé le rez-de-chaussée de deux hôtels. Une goélette mouillée au large et qui chassait sur ses ancres, tenta une manœuvre qui ne réussit pas, afin de tâcher d’entrer dans le port. Peu après, elle était jetée à la côte entre Arzew et Damesme.