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LES AVENTURIERS DE LA MER


mille. Le baleinier vint mouiller dans le port du Refuge, sur la côte ouest de Vavao, l’une des îles Tonga. Des relations d’intimité s’établirent aussitôt avec les naturels.

Tout allait pour le mieux ; ceux-ci apportaient aux navigateurs des cocos, des bananes, des fruits à pain, des cannes à sucre ; le capitaine Powell faisait des présents aux naturels de l’île ; leur roi Houloulala était presque toujours à bord du baleinier ; il y couchait même ; sa fille Ozela montrait une affection enfantine pour John, le jeune protégé du capitaine. Mais quelques difficultés survinrent à la suite de plusieurs larcins commis par les sauvages…

Un soir, un émissaire vint prier le roi de descendre à terre. Celui-ci se rendit à ce désir avec une précipitation qui inspira des soupçons. Il n’était plus possible de le retenir, quand l’appel de l’équipage fit découvrir l’absence de cinq hommes ; John était du nombre. La défiance devint extrême, et toutes les craintes furent augmentées par le rapport d’un matelot né dans les Indes, qui, après un séjour de quelques années dans l’île, venait de prendre du service sur le Rambler.

On l’envoya à terre ; il y trouva toute la population en mouvement et prête à prendre le parti des déserteurs. Persévérant dans son dévouement, l’Indien accepta une nouvelle mission auprès du chef, avec ordre de traiter d’abord pour le renvoi des cinq hommes, et en cas de non-réussite, pour la rançon du seul John.

Rien ne put décider Houloulala à renvoyer tous les blancs qui s’étaient joints à sa peuplade ; mais il se montra plus accessible quand, pour l’échange de John, on lui offrit quelques livres de poudre, une provision de balles, des pierres à fusil et un mousquet. Le marché allait se conclure, quand la fille du chef, en montrant à son père la douleur que lui causait le départ du jeune Anglais, fit échouer les négociations.

Il fallut recourir à d’autres moyens : deux grandes pirogues de guerre des îles Hapaï se trouvaient au mouillage entre le Rambler et la côte. Le capitaine Powell résolut de s’en emparer comme gages. Il crut qu’il suffirait de quelques coups de fusil pour en éloigner ceux qui les gardaient ; mais les insulaires, avec leur adresse ordinaire, se jetèrent à l’eau du côté abrité, et parvinrent adroitement à haler les pirogues à terre.

Georges Powell, désespéré de ce mauvais succès, assembla ses