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LES AVENTURIERS DE LA MER


gner ce triste asile. Ces braves gens apportaient une bien heureuse nouvelle !

Comme le canot avait trop peu de capacité pour recevoir tous les naufragés, on y suppléa par la construction d’une grande chaloupe ; ce radeau fut remorqué par le canot jusqu’à l’île de la Providence.

Les naufragés restèrent deux mois sur cette île, ayant pour se nourrir, en plus des vivres sauvés du naufrage, le produit d’une pêche abondante, la chair des tortues de mer, d’une espèce de grands crabes terrestres — qui pèsent souvent jusqu’à six livres — et aussi des fruits en assez grande quantité. Le 8 novembre, la construction de la grande chaloupe projetée se trouvant terminée, ils s’y embarquèrent tous au nombre de trente-cinq hommes, et, en quatre jours, ils eurent le bonheur d’atterrir sans accident à huit lieues au sud du cap d’Ambre — Madagascar.

En 1825, le capitaine Lesquin de Roscoff, commandant la goélette l’Aventure, partit de l’île de France se rendant aux îles Crozet, dans le double but de reconnaître cet archipel encore presque ignoré, et d’y déposer des marins équipés pour la pêche — ou la chasse — aux phoques.

Arrivé en vue de cet archipel, situé dans la région australe et dans le voisinage du continent africain, le bâtiment fut assailli par un ouragan furieux, et après avoir lutté pendant plusieurs jours contre les vents et la mer, il fut jeté sur une plage hérissée d’écueils, au-dessus desquels la mer venait briser avec un bruit formidable. Quatre hommes de l’équipage avaient été envoyés deux jours auparavant à l’île Charles, et n’avaient pu en revenir ; le reste se sauva à la nage et parvint heureusement au rivage. Les flots ne rejetèrent sur la grève que fort peu d’objets et une très petite quantité de vivres gâtés par l’eau de la mer.

C’est avec ces médiocres ressources que Lesquin et ses compagnons furent obligé de s’établir, jusqu’à un jour inconnu — le jour de la délivrance ! — dans la petite île de Chabrol.

Les phoques leur fournirent de la graisse pour alimenter des lampes chauffer et éclairer, — et un aliment coriace dont ils durent se contenter. Ils y ajoutèrent les œufs des oiseaux de mer et quelquefois les oiseaux eux-mêmes : albatros, pingouins et poules du Port-Egmont ; ils sont rares les animaux qui vivent sur ces tristes îles, sentinelles avancées de l’Afrique vers le pôle austral…

Les compagnons de Lesquin parvinrent à construire une cabane