Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/103

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solliciter leurs suffrages, de ne jamais intervenir, en un mot, dans des affaires toutes de religion, de conscience et de liberté ? Comment donc ne pas gémir que, par des démarches si patentes, on affectât d’ôter, par avance, à leur élection, l’apparence de liberté qui lui était nécessaire pour réunir les suffrages du peuple et ses respects ; que l’on semblât enfin tenir en suspens les lettres patentes de congé d’élire, jusqu’à ce qu’on leur eût sans doute arraché la promesse de proclamer archevêque tel prélat qu’il plairait au roi de désigner à leurs suffrages ! Ils ne pouvaient, toutefois, fermer les portes du chapitre à de si grands seigneurs députés vers eux par le roi, munis de ses pleins pouvoirs, porteurs de lettres de créances ! Le 31 juillet, donc, comme ils étaient réunis dans la salle capitulaire, lorsque le messager vint leur annoncer les envoyés du roi, et les introduisit par l’ordre du doyen, ils firent assez bonne contenance à l’aspect du maréchal de Baudricourt et des autres envoyés du monarque et du prince, et ne laissèrent percer un peu leur mauvaise humeur qu’en voyant entrer, à la suite du maréchal, Antoine Boyer, abbé de Saint-Ouen, avec l’élite de la noblesse de la province ; mais lorsqu’entrèrent, à leur tour, les échevins, les conseillers de ville et officiers du roi, vous eussiez vu tous les chanoines froncer le sourcil, s’agiter sur leurs bancs, prêts enfin à protester