Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/104

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tous ensemble contre ce qu’ils regardaient comme un grand scandale.

Cependant, Baudricourt s’étant empressé, en entrant, de présenter les lettres du roi, force était bien de les entendre avant tout ; et combien elles étaient pressantes ! Après quoi, il fallut entendre aussi tout ce que le maréchal voulut ajouter en faveur du protégé de Charles VIII ; tout ce que dirent ensuite les chambellans du duc d’Orléans. Vint enfin le tour de Robert de la Fontaine, lieutenant du grand-sénéchal de Normandie, chargé de porter la parole au nom des officiers du roi et de la communauté de la ville ; mais à peine avait-il commencé sa harangue, qu’une violente rumeur s’éleva de tous les bancs du chapitre, et ne s’apaisa que sur un signe énergique du grand-doyen, président de l’assemblée. C’était Jean Masselin, l’homme d’âge et de tête, dont la sagesse, l’éloquence et l’énergie avaient brillé aux états généraux de Tours, où le clergé l’avait choisi pour son organe, et dont il nous a laissé la curieuse histoire ; au demeurant, prêtre et chanoine avant tout, non moins zélé que ses collègues pour les libertés de l’église et les droits du chapitre ; car, aussitôt qu’il eut obtenu le silence, apostrophant vivement l’orateur de la ville : « Maître de la Fontaine (lui dit-il), il suffist bien de ce que le roy nous a requis, et sachiez que les gens du roy et