Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/128

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quant à cette obligation, dit-il ; elle est de toute fausseté, et je saurai le prouver ; mais n’y aurait-il point quelque autre chose ? Ne vous a-t-on parlé de rien ? » Le sergent jouant l’étonné, et protestant qu’il ne sait ce qu’on veut lui dire, Martel se rassure et le suit d’un pas plus ferme jusqu’à la geôle, où on l’écroue. Une heure après, on me l’amène : Il n’est plus temps de feindre, lui dis-je d’un ton impératif ; oui, l’obligation que l’on vous a montrée est fausse ; mais, ainsi que vous avez paru le craindre, il s’agit de tout autre chose. Un citoyen de Lucques, nommé Zambelli, est mort, et c’est vous qui l’avez assassiné ; ne cherchez pas à le nier, j’en ai la preuve. Mais, calmez votre frayeur : Zambelli était un étranger ; personne ici ne songe à venger sa mort ; avec quelques sacrifices de votre part, on pourrait assoupir cette fâcheuse affaire ; seulement il faut tout avouer avec sincérité ; votre vie est à ce prix. »

« Atterré et comme fasciné par l’assurance avec laquelle je parlais, souriant à l’espoir de racheter avec de l’or sa vie pour laquelle il tremblait : Je vois bien, s’écria-t-il, qu’il y a, en cela, de l’œuvre de Dieu, puisque là où il n’y avait autre témoin que moi, cela est venu à connaissance. Je vais donc tout vous avouer ; ma fortune est à vous : que peut-on refuser à celui qui donne la vie ? »