Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/129

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« Sa résolution était prise, et il allait tout dire, lorsque l’apparition subite du greffier, qui, averti par moi, venait recevoir sa déclaration, le réveilla comme d’un songe. Il avait aperçu le piège, et, lorsque je l’invitai à lever la main et à jurer de dire la vérité : « Non, je n’ai rien à dire, je n’ai rien dit, s’écria-t-il ; je suis innocent ! »

« Tous mes efforts, toutes mes sollicitations pour en obtenir davantage étant superflus, je le fis descendre dans les prisons, comptant encore qu’il pourrait changer de dessein. Mais qu’avais-je espéré ? Aujourd’hui, soufflé par les scélérats aguerris dont regorgent les prisons du Bailliage, il proteste contre son incarcération, il s’inscrit en faux contre l’obligation par corps qu’on lui a présentée, il me prend à partie, moi, lieutenant-criminel, et le sergent qui l’a arrêté.

« Voilà ma faute ; la pureté de mes motifs ne peut être douteuse pour vous. Mais que diront messieurs du Parlement, si rigides envers les officiers inférieurs ? Faudra-t-il que trente années de travaux soient tout-à-coup effacées et ma vie flétrie pour m’être laissé emporter une fois à l’excès d’un zèle qui m’a souvent si bien servi ? M. l’avocat du Roi, j’ai tout dit ; veuillez prononcer. »

— « Rassurez-vous, lui dit Laurent Bigot, et par-