Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/155

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quel indicible bien-être, et se promène fièrement dans son clos, sifflant sa chanson favorite, d’un air plus satisfait que de coutume.

Nos deux voisins n’avaient donc eu garde de laisser échapper un si beau sujet de querelle, et, par un beau jour de l’année 1629, il y avait presse à la grand’chambre, pour entendre leurs avocats plaider cette question toute neuve, dont les réformateurs de la Coutume ne s’étaient pas avisés ; et il les faisait beau voir, rouges comme des coqs, aussi échauffés qu’Eschine et Démosthène lorsqu’ils se disputèrent à propos de la couronne. L’escarmouche fut longue et vive, et ce fut, comme on dit, à beau jeu beau retour. Jamais, surtout, on n’avait fait si grande dépense de lois romaines. « Qui a l’arbre a les fruits (disait l’un) ; or, les nids des oiseaux doivent être considérés comme fruits ; c’est Barthole qui le dit, sur la loi : cùm in plures (Digestis) locati. Eh quoi ! Si c’étaient des poires ou des pommes tombées sur les bords du voisin, j’aurais trois jours pour les aller recueillir ; la loi Julianus, paragraphe « glandes, » au Digeste « ad exhibendum », le dit en termes exprès ; et je n’aurai pas le même droit, lorsqu’il s’agit d’un nid, que je prise bien davantage ! »

Halte-là ! (répondait l’autre) vos branches nous gênent et nous offusquent ; aux termes de la loi Ire,