Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/156

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paragrapho 7 « de arboribus coedendis, » vous deviez les couper jusqu’à quinze pieds de hauteur ; faute de l’avoir fait, elles nous appartiennent avec leurs circonstances et dépendances. L’arbre n’est pas à nous, soit ; mais les fruits pendant aux branches qui nous ombragent sont nôtres ; dix arrêts l’ont ainsi jugé ; et même, selon les Institutes, un arbre qui s’étend sur deux héritages contigus, et qui emprunte à tous deux sa nourriture, est commun entre les deux voisins ; lisez plutôt le paragraphe « ex diverso, de rerum divisione. »

Qui voudrait raconter toutes les règles de droit qui furent alléguées, de part et d’autre, en cette mémorable rencontre, n’aurait pas fini de sitôt ; et croyez qu’au milieu d’une telle abondance de textes tout contraires, un juge bien intentionné n’était pas aux noces. Ce fut dans une rencontre semblable que le bailli de Vittefleur imagina un expédient pour sortir de peine. Tout ébaubi, un jour, d’une grêle de menus brocards de droit, contradictoires (et qu’au demeurant il n’entendait guère) ; ne voyant pas plus de raisons pour une partie que pour l’autre, et ne voulant faire tort à personne (car le bonhomme était l’équité même), après avoir songé une pause, en grande perplexité, il secoua bien fort un cornet où il y avait deux dés tout neufs, qu’il jeta, tout à trac, à