Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/258

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que la mémoire des hommes puisse remonter, ses prédécesseurs, au jour de leur première et solennelle entrée à Rouen, comme archevêques, ont joui du droit d’octroyer des grâces générales ou spéciales à tels prêtres, clercs et personnes ecclésiastiques détenues dans les prisons de l’archevêché, auxquels ils ont trouvé bon d’en accorder ; du droit de leur pardonner plénièrement leurs crimes, quels qu’ils fussent, et de leur remettre les peines qu’auraient méritées ces crimes, ou qui déjà, même, auraient été prononcées contre eux en jugement.

Son droit ainsi bien exposé, le prélat raconte que, le matin même, faisant sa première entrée dans l’église cathédrale de Rouen, et en visitant toutes les dépendances, il a trouvé détenu, dans les prisons de son officialité, un clerc qui s’est jeté à ses pieds en fondant en larmes, et dont la supplique l’a vivement touché. Nicolas Gueroud (ainsi se nomme ce clerc) s’est confessé coupable de meurtre ; mais les circonstances du crime semblent en atténuer l’énormité. Dans une rixe violente entre deux bandes d’hommes turbulents et échauffés, qui, quelques mois auparavant, avait troublé la ville, le fils d’un bourgeois ayant été blessé, Nicolas Gueroud, accompagné de ses camarades, reconduisait ce jeune homme chez son père pour l’y faire panser de ses blessures, lorsqu’au