Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/259

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détour d’une rue s’était offerte à leur rencontre la bande dont faisait partie celui qui avait blessé ce jeune homme. Aussitôt la querelle avait recommencé, plus vive, plus acharnée que la première fois ; des injures on en était venu aux voies de fait, et, dans cette mêlée, Nicolas Gueroud avait eu le malheur de tuer Pierre Leveneur d’un coup à la tête. Le fait était d’autant plus grave, que ce n’était point Pierre Leveneur qui avait blessé le jeune camarade que l’on voulait venger. Mais le repentir profond du coupable, cinq mois d’une détention rigoureuse endurée avec patience et résignation, avaient touché le pontife, qui, rentré dans son manoir épiscopal, après les pompes de la journée, octroie aussitôt, et fait sceller, en sa présence, des lettres de grâce en faveur du malheureux clerc dont les larmes l’ont attendri. Par ces lettres, Guillaume de Vienne déclare, qu’usant de son droit, et par grâce spéciale, il pardonne à Gueroud son crime, lui fait remise pleine et entière des peines qu’il a encourues, le déclare absous, et entièrement réhabilité en son honneur.

Au mois d’octobre suivant, le roi Charles VI, confirmant pleinement ces lettres de grâce, et reconnaissant le droit de nos archevêques, ordonne, par des lettres-patentes, à son bailli de Rouen, et à tous ses justiciers de la ville et du royaume, de laisser