Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/260

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Nicolas Gueroud jouir paisiblement de la grâce que lui a accordée l’archevêque Guillaume de Vienne, et leur défend expressément de rien attenter au préjudice des lettres de rémission du prélat.

Il y a loin, sans doute, de ce droit de grâce limité à la prérogative exorbitante et plus que royale des évêques d’Orléans. C’était là, toutefois, un beau droit qu’avaient nos archevêques, et on peut s’étonner qu’aucun historien n’en ait parlé jusqu’à ce jour. Car si les doctes auteurs du Gallia Christiana semblent en avoir eu un soupçon, à peine l’expriment-ils, malgré l’importance qu’avait pour eux la matière ; et les quatre mots qui semblent y faire allusion nous offrent à peine un sens clair, à nous qui voyons bien ce qu’ils ont voulu, et sans doute cru dire[1].

Pour bien apprécier, au reste, l’importance de ce droit de nos archevêques, il faut se souvenir de ce qu’étaient alors les prisons des officialités. On a beaucoup parlé des vade in pace des abbayes, geôles souterraines, noires comme la nuit, inventées par un prieur de Saint-Martin-des-Champs, à Paris, et où les religieux coupables de grandes fautes, privés de

  1. En parlant de l’archevêque Guillaume de Vienne, ils disent : « Rotomagum primo solemniterque intravit die dominicâ antè nativitatem B. Mariae 1393, quâ litteras remissionis obtinuit. » Gallia christiana, tom XI, col. 85.