Page:Amable Floquet - Anecdotes normandes, deuxieme edition, Cagniard, 1883.djvu/280

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nations vont changeant, se renouvelant sans cesse ; et leurs institutions ne changeront point, ne se renouveleront point comme elles ! Quoi, chez les peuples les plus éclairés de la terre, des lois mûrement délibérées par des rois et des sages, bonnes peut-être pour le temps qui les vit faire, tomberont, toutefois, à la fin, vieilles, surannées et sans vertu ; elles ont fait leur temps. Et l’éternité serait assurée aux dures et cruelles inventions de peuplades errantes, pillardes, dévastatrices ; et des coutumes, des usages, expression grossière d’un instinct brutal et sauvage, devront à jamais régir le monde, à l’égal des lois éternelles ! Ces coutumes, ces usages dont s’éprirent des peuples naissants, il leur sera rigoureusement, et à toujours, défendu de s’en déprendre ! — Un législateur pourra biffer dans les codes la loi qu’y écrivirent ses sages devanciers ; et chez nous seuls (peuples de coutume, comme on nous appelle), tout retour à l’humanité, au vrai, à la justice, au bon sens, serait à jamais interdit ! Et les stupides cruautés dont s’avisèrent des hordes de maraudeurs et de pirates, il faudra qu’un peuple civilisé, régénéré, éclairé par les leçons des siècles, les subisse à jamais en silence, lorsqu’il les abhorre au fond de son cœur ! Ah ! si du peuple grossier qui fit la dure loi que vous osez invoquer encore, j’osais, moi, en appeler au peuple humain qui vit aujourd’hui, à ce peuple venu en foule