Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/101

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de lui donner un prisonnier. Convenait-il de délivrer quelqu’un par pure grâce et avec tant d’appareil, tandis que le royal croisé était dans les fers ?

1194. Il y eut, en cette année, deux prisonniers délivrés.

Mais, l’année suivante, Richard était libre ; le diable était déchaîné, comme l’écrivait Philippe-Auguste à Jean-Sans-Terre ; et aucune raison ne s’opposant plus à ce que l’église de Rouen pût jouir de sa belle prérogative, le chapitre obtint un prisonnier pour l’année présente ; et, de plus, il lui en fut délivré un second pour l’année d’avant.

Pendant le règne de Jean-Sans-Terre, successeur de Richard-Cœur-de-Lion, le privilège de la fierte dut prendre de la consistance et de l’extension ; apparemment ce fut alors que le chapitre commença à le rendre indépendant du consentement annuel du souverain. Un prince indolent, apathique et voluptueux devait voir avec assez d’indifférence quelques fleurons se détacher d’une couronne que, depuis, il perdit si gaiement, après l’avoir acquise par le plus lâche de tous les crimes. Pendant ses absences fréquentes et prolongées, le chapitre de Rouen ne s’endormit pas ; et bientôt, lorsque ce prince eut été chassé et que Philippe-Auguste eut réuni la Normandie au royaume de France, l’avènement d’un nouveau roi qui avait besoin de se concilier le pays qu’il venait de conquérir ; les embarras, suite nécessaire de l’occupation récente d’une si vaste