Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

province ; l’ignorance dans laquelle étaient les officiers du roi de France sur la nature et l’origine d’un usage particulier à la province et qu’ils trouvèrent existant et déjà assez ancien, favorisèrent encore le chapitre, qui s’affermit de plus en plus dans sa possession autrefois précaire ; et lorsqu’en 1210, enfin, le gouverneur du château de Rouen, venant à faire plus d’attention à ce privilège, qui lui parut un empiétement sur les droits du roi son maître, voulut tenter d’en empêcher l’exercice, il était trop tard ; Philippe-Auguste le sentit ; l’ordre qu’il donna à ses deux commissaires (l’archevêque de Rouen et le châtelain d’Arques) de faire une enquête sur le point contesté, et, si le droit des chanoines se trouvait établi, de leur délivrer immédiatement leur prisonnier ; enfin, le résultat de l’enquête, dans laquelle furent entendus neuf témoins, montrent que si le prisonnier, refusé d’abord au chapitre, lui fut délivré en définitive, c’est que ce qui n’avait été, dans l’origine, qu’une grâce, était, dès-lors, par l’habileté du clergé, devenu un droit, pour ainsi dire inviolable et sacré, dans la possession duquel il n’eût pas été politique d’inquiéter l’église de Rouen.

Peut-être aussi serait-il juste de faire honneur de cette reconnaissance si spontanée du privilège de la métropole de Rouen, à la piété de Philippe et à ses sentimens bienveillans pour l’église et le