Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/310

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complices prétendaient avoir à se plaindre, parce qu’il avait refusé de leur prêter de l’argent. A l’en croire, « il avoit esté délibéré entre eux, non de le tuer, mais seulement de luy bailler trois ou quatre coups d’espée ou de dague sur les bras et sur les jambes. » On voit bien que ce n’était qu’une plaisanterie. Mais les six bandits « se pourmenant de soir, à Caën, près du carrefour de l’Espinette », aperçurent Robert Godes qu’ils guettaient ; et ce malheureux vieillard, assailli par Le Sens, le bâtard d’Essy et les quatre autres assassins, tomba percé de coups d’épée et de dague, et mourut à l’heure même. Le bâtard d’Essy, arrêté immédiatement après le meurtre, et mis en jugement, avait eu la tête tranchée à Caen. Le Sens confessa ce crime au chapitre « de paour que semblable pugnicion ne se fit de luy que du bastard d’Essy », et, en vérité, il méritait bien le même sort. Toutefois, le chapitre l’élut pour lever la fierte. Mais Le Sens, en croyant qu’un aveu volontaire de ce second et horrible crime allait avoir, auprès du parlement, autant de succès qu’auprès du chapitre, avait trop espéré de ces magistrats, impatiens, depuis longtems, de découvrir tous les assassins de Robert Godes. Le parlement déclara aux envoyés de l’église de Rouen « qu’il délivreroit Le Sens pour le regard seulement de l’incendie, mais que pour le regard du meurtre commis de guet-apensé, par