Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/549

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de Saint-Romain s’étant écrié que si l’on tentait quelque coup de main pour s’emparer du prisonnier, il faudrait mettre balle en bouche, ce mot, qui parvint aux oreilles de Sillans, acheva de l’éclairer sur les dangers ultérieurs qu’il courait. Il se douta que le parlement ne l’avait délivré que pour un jour. Alors sa résolution fut prompte ; apercevant un vide au milieu de cette multitude qui fourmillait dans la place de la Vieille-Tour, tout-à-coup il s’élança du perron, descendit les degrés, rapide comme l’éclair, et disparut, assisté de ses amis, qui, tous l’épée à la main, protégèrent sa retraite, et le reconduisirent au Vieux-Palais où il s’était fait écrouer. Il était près de huit heures du soir ; et, dans ce moment même, la procession de Notre-Dame se mettait en marche. Des officiers de l’église vinrent annoncer au chapitre « qu’il y avoit eu grosse rumeur à la Vieux-Tour, et que le prisonnier s’estoit enfui. Pourquoy, néantmoins, les chanoines ne différèrent le cours de leur procession, ains achevèrent icelle, sans avoir peu, pour l’absence du dict prisonnier esleu, effectuer les cérémonies qui estoient à faire. »

Une information eut lieu contre les auteurs des désordres qui avaient troublè la solennité de l’Ascension, et notamment contre ceux qui avaient dit et fait dire « qu’il falloit mettre balle en bouche »,