Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/29

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ment redoubla encore, lorsqu’ils surent que la duchesse, par un zèle très-pieux, avait déjà fait distribuer une partie des quatre-vingts pistoles à un tonnelier détenu pour dettes, et cela sans consulter le marquis de l’Ospital, le premier pauvre assurément auquel on dût songer dans cette affaire. Je ne vois pas comment finit ce débat entre le marquis de l’Ospital et les gens qui l’avaient mis à contribution. Mais, avec tout ce zèle tracassier, on jouait à compromettre le chapitre. Du tems de Pasquier, « les malignes langues et venimeuses disoient que le privilége de la fierte estoit un jeu couvert revestu du masque de dévotion ; qu’à défaut de puissants protecteurs, on mettoit de l’argent au jeu, tellement que ceste abolition s’octroyoit à l’enquant, au plus offrant et dernier enchérisseur[1]. » Pasquier croyait, et il avait raison, que « ceste mesdisance estoit une vraye imposture et calomnie. » Nous le croyons aussi, et nos lecteurs doivent se souvenir qu’en 1573, le lendemain de l’Ascension, les chanoines de Rouen, tout en consentant que le baron de Montboissier enrichît la châsse de saint Romain qu’il avait levée et portée la veille, refusèrent formellement l’argent qu’il voulait leur remettre pour être employé à cet usage. On les avait vus, en 1594, grandement incréper les chapelains de la confrérie

  1. Pasquier, Recherches de la France, livre 9, chapitre 49.