Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/297

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façon que la mémoire en estoit abolie et tellement effacée, qu’oncques n’en est advenu inconvénient à prisonnier aucun, pour avoir confessé possible plus que son procèz ne portoit[1]. » La confession du prisonnier délivré était seule réservée[2]. Ainsi, les prétendans malheureux n’avaient pas, du moins, à se repentir des aveux trop sincères qu’ils avaient pu faire pour gagner la fierte. De plus, ceux d’entre eux qui étaient venus volontairement se constituer prisonniers, dans l’espérance d’obtenir le privilége, sortaient librement des prisons. Pendant vingt-quatre heures, on ne pouvait les arrêter. Pareillement, à dater de l’insinuation, il était défendu aux officiers de justice d’arrêter sur les chemins les criminels qui venaient à Rouen se constituer prisonniers, dans l’intention de solliciter le privilége. En 1765, un cavalier de la maréchaussée, à Quincampoix, avait arrêté un individu qui, l’année

  1. Les Antiquitéz et Singularitéz de la ville de Rouen, par F.-N. Taillepied. Rouen, 1610, page 82.
  2. Au XVe. siècle, on brûlait la confession du prisonnier élu, comme celle des autres ; dans la suite, le chapitre ayant vu attaquer ses élections par des parties civiles, prit le parti de conserver la confession du prisonnier élu, pour la produire au besoin en justice, et établir qu’il avait pu, sur ces aveux, faire choix du prisonnier. Le registre du chapitre, pour le jour de l’Ascension 1445, dit : « Omnium et singulorum prisionariorum confessiones combustœ fuerunt suprà lapidem erectum in medio capituli coràm omni populo, et hostibus (ostiis) capituli apertis, more solito. » Le registre de 1416 dit : « Fuerunt depositiones et codex seu quaternus hujus modi casus continens incendio combustus. »