Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/330

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corvée était au-dessus des forces d’un homme souvent exténué de lassitude et d’inanition, à dater de cette époque, ce fut toujours à la vicomté de l’eau qu’eut lieu cette partie du cérémonial. Là, le prieur, après avoir adressé une remontrance au prisonnier et lui avoir donné sa bénédiction, lui faisait servir du pain, des fruits et un verre de vin, pour boire à la santé du roi[1]. Dans les derniers tems, cette collation se donnait aux frais du prince de Condé ; c’était une charge attachée à la ferme du poids, dont il était propriétaire.

Après avoir salué et remercié les magistrats, le prisonnier sortait de la vicomté. Anciennement, il était d’usage que les confrères de Saint-Romain promenassent, comme en triomphe, par les rues de Rouen, le prisonnier ainsi délivré[2], sans doute pour le faire voir à ceux qui n’avaient pu l’apercevoir dans les cérémonies du jour. Presque toujours le prisonnier était reçu, sur son passage, par des acclamations dejoie ; mais quelquefois aussi on lui faisait un accueil moins flatteur. Nous avons

  1. Presque tous les détails qui précèdent, relatifs à la vicomté de l’eau, sont extraits du Gallia christiana, tome XI, col. 243, 244.
  2. « Postquàm Johannes Ménart fuerat liberatus, et dùm duceretur per fratres confratriæ Sancti-Romani, ad spaciandum per vicus, more solito. » (Reg. cap. du samedi après l’Ascension 1394.) — « Et hoc, presentibus pluribus fratribus confratriæ dicti sanctissimi confessoris Romani, qui dictum Petrum de Riparià per villam spaciatum, more solito, ducebant, dictà die Ascensionis. » {Reg. cap. du 6 juin 1383.)