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L’ATELIER D’INGRES

cile et très-chanceux, il trouverait toujours le moyen de m’y faire faire un séjour assez long pour m’être utile.

— N’allez donc pas à l’École, s’écria M. Ingres, car je vous le dis, je le sais, c’est un endroit de perdition. Quand on ne peut pas faire autrement, il faut bien en passer par là ; mais on ne devrait y aller qu’en se bouchant les oreilles (et il en faisait le geste), et sans regarder à gauche ni à droite. »

Là-dessus, il me déroula toutes les inepties de cette éducation confiée à quatre ou cinq peintres, qui chaque mois venaient dire aux élèves exactement le contraire de ce qu’avait dit le professeur qui les avait précédés. — Et puis le chic… la manière… tout, excepté la naïveté et la beauté… De l’adresse, pas autre chose… Il s’animait en parlant, et fut d’une violence extrême.

Il n’avait pas besoin de tant d’efforts pour me dissuader ; je fus au contraire heureux de cette défense, et je n’ai, de ma vie, mis le pied dans une salle d’étude de l’École des Beaux-Arts.

C’est peut-être ici l’occasion de dire tout ce que je pense de cette école célèbre.

J’ai beaucoup étudié cette question ; je ne la traiterai donc pas à la légère, et j’en parlerai sans la moindre passion, convaincu que je suis que rien n’y fera, et que d’ailleurs, en fait de réformes,