Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
L’ATELIER D’INGRES.

très-spirituel journaliste, M. Jal. « Glace panachée, » disait un autre. Les tons rose et vert clair de mon portrait de femme donnaient en effet à cette critique un côté fort plaisant. Mais le bouquet fut le mot d’un amateur très-attentif à regarder ma toile. Je m’approchai de lui, curieux de voir sur sa figure l’impression qu’il éprouvait. En ce moment, tout près du portrait, il cherchait à lire le nom de l’auteur, quand, se retournant vers moi : « Et il l’a signé ! » me dit-il ; et pirouettant sur ses talons, il continua sa promenade sans se douter qu’il s’était adressé à l’auteur lui-même.

Tout cela ne valait-il pas mieux que l’indifférence, ou même qu’une approbation banale, qui ne m’eût pas indiqué que j’allais m’engager dans une lutte sérieuse, et que la voie que j’avais prise ne serait pas sans difficultés ! Aussi, j’acceptais toutes ces critiques avec un calme qui surprenait tous mes camarades, mais surtout Ziegler ; je dois même dire qu’au fond j’en éprouvais une certaine satisfaction. Mais ce qui vint troubler bien cruellement mon succès… négatif, ce fut le mot de M. Ingres.

Je rencontrai un jour notre massier, avec lequel j’avais conservé quelques relations, et dont les rapports avec le maître étaient presque journaliers. « M. Ingres n’est pas content, me dit-il