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L’ATELIER D’INGRES.

Saint-Pierre. Je m’élançai, passant la moitié de mon corps à travers la portière, et, quand je vis à l’horizon cette coupole immense, dominant toutes les collines qui l’environnent, et que je me dis : Voilà Saint-Pierre de Rome ! il me courut un frisson dans tout le corps, et je fus pris d’une émotion qui ne ressemblait à aucune de celles que j’ai éprouvées dans le cours de ma vie.

Je fus trop vite ramené à terre par tous les tracas d’une arrivée et les ennuis d’une installation. Nous trouvâmes enfin pour Bertin, mon ami et moi, un petit appartement tout à fait convenable, piazza de’ Capuccini. Cette petite place, plantée d’arbres assez beaux, et faisant suite à celle du Triton, avait conservé son vrai caractère romain.

Quoique fort près du quartier habité par les étrangers, notre coin de Rome n’en avait pas pris, le vilain ou l’élégant côté, comme on voudra : rien de plus pittoresque, et de plus étrange pour moi, que ces attelages de buffles couchés près de la fontaine du Triton, et ces conducteurs à guêtres de cuir, à culotte de velours, fièrement campés près de leurs animaux.

J’étais tout heureux de cette installation, que n’avaient pu me faire espérer le Corso et la via de’ Condotti, que nous venions de traverser. Tout