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taire. Aussi avait-il raison peut-être de ne pas vouloir détourner l’attention du public de ses grands ouvrages, tels que l’Apothéose d’Homère, le Saint-Symphorien et le Vœu de Louis XIII, et, tout en le regrettant, je n’insistai pas.

Voici une autre preuve de l’opinion qu’il avait lui-même de ses dessins à la mine de plomb : je tiens le fait de Sturler.

Il lui avait promis de faire le portrait de madame Sturler. Un jour, il arriva chez lui dans l’après-midi, et, en quelques heures, avant le dîner, il eut achevé un de ces croquis qu’il est impossible de décrire, mais qui ont une vérité, un accent, un charme inouïs. Sa vue baissait à cette époque, et il se servait d’une loupe, ce qui aurait pu l’entraîner à des détails mesquins ; mais non : la même fermeté, la même grâce à indiquer par deux ou trois coups de crayon des accessoires, des bijoux ; le tout fait avec rien, et charmant.

Quelques artistes amis de Sturler vinrent le soir, et s’extasièrent sur ce dessin. M. Ingres répondit à leurs compliments dans les termes les plus modestes :

« C’est bien peu de chose… je n’y vois plus… je n’ai plus la main… »

Puis, tout à coup, se redressant :