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L’ATELIER D’INGRES.

M. Hesse, souriant à moitié : « Tu en parles bien à ton aise, toi… L’ancienneté… j’en ai assez comme ça… »

Vernet de rire, et se tournant vers moi :

« Vous regardez ma petite ordure ? Eh bien ! dites-moi si vous y trouvez quelque chose de trop choquant… Ah ! c’est fini… je n’y suis plus… voyez comme ces mains sont f…… ! Ce n’est plus ça »

Je continuai à considérer son tableau, très-étonné de cette exécution toujours facile, brillante, mais dont l’éclat résistait bien peu de temps, et disparaissait même plus vite que chez aucun autre peintre.

Je ne voulus pas prolonger ma visite, tout intéressante qu’elle était pour moi, dans la crainte de gêner M. Hesse. Je pris congé de Vernet, et lui dis, en le quittant à sa porte, que j’avais eu beau faire, mais que je ne trouvais rien à redire à son tableau. Il sourit, me serra la main, et je sortis, je dois l’avouer, beaucoup plus satisfait de cette réception que de celle de ses confrères.

Je savais du moins à quoi m’en tenir. Horace Vernet m’avait adressé un mot aimable, n’ignorait pas qui j’étais, ce que j’avais fait, et son encouragement avait plus de prix pour moi que toutes les poignées de main des autres.