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L’ATELIER D’INGRES.

moins habiles les doctrines nouvelles qu’il répandait. Il ne pensa pas, enfin, à la suite qu’il entraînerait après lui, pour ne pas me servir du mot consacré aujourd’hui.

L’opposition qu’il fit à son maître David fut si prompte, que les œuvres qu’il exécuta avant son départ pour l’Italie fournissaient déjà les preuves d’une recherche plus intime du vrai.

Cette force de conviction devait être bien grande chez M. Ingres, pour qu’il pût indiquer dès son début, au milieu des artistes déjà célèbres qui l’entouraient, la route qu’il voulait suivre, et qu’il a suivie, malgré les critiques, malgré les moqueries, malgré la misère.

La vue des grands maîtres italiens ne fit que développer davantage cette tendance profondément innée en lui, et, comme il le dit un jour devant nous, lui fit reconnaître qu’on l’avait trompé. Dès lors, rien ne put l’arrêter, et ses ouvrages portèrent le premier coup à l’école d’où il était sorti.

M. Ingres fut un amoureux de la nature, et, comme tous les amoureux, devint aveugle sur certains défauts inhérents aux plus belles choses. Ces défauts, il serait plus juste de dire ces côtés individuels de la nature, il osait les aborder franchement, et savait les rendre intéressants par l’interprétation qu’il en faisait, autant que par sa merveilleuse exécution.