yeux non exercés ne distinguent pas ce que nous appelons le modelé, c’est-à-dire le passage de la lumière à l’ombre par la demi-teinte.
Aussi est-il à remarquer que c’est ce qui manque dans tous les peintres primitifs ; comme des enfants qu’ils étaient (en fait d’exécution, je m’entends), ils ne voyaient dans la nature que des surfaces presque plates, — des lumières et des ombres.
Lorsque plus tard j’enseignai à d’autres le peu que je savais, j’eus soin d’expliquer, et par des preuves palpables, ce qui m’avait autrefois bien embarrassé.
Je faisais une expérience bien simple lorsque je voulais démontrer à un élève que le contour d’un modèle en plâtre qui se détache sur un fond obscur et paraît lumineux est pourtant accompagné toujours d’une demi-teinte qui le fait tourner ; je plaçais derrière le plâtre une feuille de papier blanc, et tout à coup les contours qui semblaient complétement lumineux, se détachaient en vigueur.
Jamais l’idée de descendre à de pareilles expériences ne serait entrée dans l’esprit de M. Ingres, et je l’entendais toujours me dire : « Ce n’est pas ça ; — ça manque de demi-teintes. » Mais qu’est-ce que pouvaient bien être ces fatales demi-teintes ?