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L’ATELIER D’INGRES.

M. Ingres. À l’occasion du duel ridicule que lui ·avait proposé M. de***, M. Ingres était venu me chercher pour être son témoin ; ne me trouvant pas chez moi, et après m’avoir attendu assez longtemps, il m’invita par un mot à venir le voir le plus promptement possible. Mais, en s’en allant, il passa chez Lehmann, qu’il rencontra, et le chargea du rôle qu’il m’avait destiné.

Cette invitation m’avait troublé ; elle était inusitée : aussi m’empressai–je de m’y rendre, et j’arrivai à l’Institut fort intrigué.

M. Ingres était en tête–à–tête avec madame Ingres ; il se leva précipitamment à mon entrée et vint me prendre la main en me disant :

« Merci, et pardon de vous avoir dérangé ; je n’ai plus besoin de vos services. »

Et comme je paraissais de plus en plus étonné : « Je vous prie, ajouta–t–il, de ne pas me questionner… Asseyez–vous et causons… » Et après une pause : « Eh bien ! que faites-vous maintenant ? » `

Madame Ingres n’ouvrait pas la bouche. J’étais dans la position la plus embarrassante, et, si je n’eusse remarqué toutes les gracieusetés que me faisait son mari, j’aurais pu penser qu’il avait vu de moi quelque peinture où j’avais, bien sans le vouloir, fait acte de coloriste. `

Enfin je me décidai à dire tout ce qui me pas-