Je ne crois pas que l’affection que M. Ingres voulait bien me témoigner fût pour quelque chose dans ses petites épigrammes. Je crois plutôt qu’elle n’aimait pas, comme elle me le fit sentir, les hommes du monde, les lions ; c’était le mot d’alors. Et un jour, en s’adressant à moi, il est vrai, sur le ton de la plaisanterie, et me toisant de la tête aux pieds :
« Oh ! vous… vous êtes un lion… Voyez Flandrin ; il sort dans la rue en casquette…
— Si, pour avoir le talent de Flandrin, lui répondis–je, il ne fallait que cela, je sortirais aussi en casquette, et même nu–tête. Malheureusement je crois que le costume n’y fait pas grand’chose. »
Elle sourit, et ce jour–là n’alla pas plus loin.
Nos petites escarmouches duraient peu : M. Ingres prenait mon parti, et elle redevenait bonne femme, grâce à quelque compliment, ou à mon dévouement, qu’elle savait si profond, pour son mari.
Pour compléter son portrait et donner une idée exacte de l’abnégation dont elle fit preuve toute sa vie, je ne peux mieux faire que de raconter une soirée que je passai chez elle à l’Institut, et où elle me donna le plus simplement du monde quelques détails sur leur vie à tous deux en Italie.
Voici comment je me trouvais ce soir–là chez