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L’ATELIER D’INGRES.

voulut, dit-on, fonder sous son nom un prix à l’École des Beaux-Arts[1], sont restés célèbres. Plusieurs posaient de père en fils, comme les Koth, et, par conséquent, connaissaient à fond le métier, qui est très-dur et fort difficile. On ne sait pas la valeur d’un modèle qui comprend le mouvement que vous désirez, et qui sait le rendre.

Et puis ces hommes, presque toujours en contact avec les artistes, étaient assez curieux dans les récits qu’ils faisaient des mots, des habitudes, des manies des peintres célèbres pour lesquels ils avaient posé.

Quelques-uns avaient un vrai fanatisme pour certains artistes illustres. Un de ces modèles conservait une botte à monsieur Girodet. « Il me l’avait donnée, nous disait-il, pour y mettre un béquet ; je n’ai pas eu le courage de la lui rendre… C’est peut-être mal… Et depuis qu’il est mort, je l’ai mise sous verre dans mon armoire. »

Nous demandions un jour à ce même individu comment il passait ses soirées.

« C’est bien simple, répondit-il ; quand je rentre le soir, je me fais mettre dans un verre moitié eau, moitié eau-de-vie… plus de l’une que de

  1. Ces lignes étaient écrites quand j’ai appris par les journaux la mort de Dubosc et la donation qu’il a faite en effet à l’Institut pour la fondation d’un prix en faveur des jeunes artistes.