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L’ATELIER D’INGRES.

cette naïveté qu’il me vantait, lorsqu’il acheva ce tableau commencé dans sa jeunesse ?

Ainsi pour la Source. Il y avait dans un coin de son atelier une figure de jeune fille peinte sur une toile jaunâtre, qui était restée comme fond.

Rien ne peut donner l’idée de cette étude d’après nature, qu’il fît, je crois, après avoir ébauché déjà sa Vénus, car elle fut exécutée à Florence, où il ne passa que quelques années après son séjour à Rome, et la Vénus est de 1808. C’était, du reste, la même pose : une jeune fille tenant de ses deux mains ses cheveux, qu’elle tord.

Cette peinture avait tous les caractères d’une étude d’après nature, car les détails les plus intimes n’avaient pas été omis. Mais quelle beauté ! et dans l’exécution une telle simplicité, qu’on aurait pu supposer qu’elle avait été faite d’un jet, dans une seule séance.

Et cela est devenu la Source, où il a changé la pose des bras en lui faisant tenir une urne, et alourdi les extrémités en voulant leur ôter peut-être un côté trop réaliste. Le torse seul est resté intact. Mais quelle perte ! et qu’on serait heureux, si on pouvait retrouver sous ces retouches faites à un âge avancé la merveille que j’ai admirée alors !

Il avait ajouté à son Œdipe un petit personnage