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l’heure — mais la douleur que j’éprouvais au bras gauche m’en empêcha. Nous partîmes alors pour aller nous réchauffer aux maisons voisines, ayant confié nos effets au jeune monsieur Taylor, notre maître d’hôtel et aussi notre interprète. Monsieur Cornu resta avec les matelots pour les aider à trouver les cadavres et surtout ceux de nos amis. Dès que nous fûmes sur le rivage, un sentiment de joie et de reconnaissance inexprimable envers Dieu remplit nos cœurs. Il est difficile de se représenter ce que nous éprouvions, après avoir échappé à un si grand danger. Jamais je n’oublierai l’impression de ce moment.

La maison vers laquelle nous nous dirigions était située à un mille du rivage et cachée par une montagne. Un bon feu avait été fait, et nous nous en approchâmes avec joie. Quelques instants plus tard, nous sentions avec délices une douce chaleur parcourir nos membres engourdis par le froid et bientôt nous nous reposâmes de nos fatigues. Vers midi, nous retournâmes au vaisseau : la marée haute toutefois nous empêcha d’y monter.