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Page:Ami - Le naufrage de l'Annie Jane, 1892.djvu/58

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tance nous séparait d’eux et nous vîmes que la mer baissait. À l’aide d’une perche, un matelot trouva qu’il n’y avait que cinq pieds d’eau autour du vaisseau. Un autre se glissant le long du mât de poupe dont une extrémité reposait sur le pont et dont l’autre était tombée du côté de la terre ferme, y attacha une forte corde. Un des bouts de cette corde fut solidement attaché sur le rivage : nous étions sauvés.

Je descendis avec monsieur van Buren pour voir si quelqu’un des nôtres ne se trouvaient pas dans les cabines. En entrant dans notre cabine, nous vîmes monsieur Cornu occupé à changer d’habits. Nous le croyions mort, l’ayant laissé couché dans un lit. Se trouvant dans l’alcôve supérieure, il avait pu échapper à la mort. Si nous étions restés dans cette cabine, pas un de nous n’eût péri. Mais les voies de Dieu ne sont pas nos voies et ses pensées ne sont pas nos pensées. Nos amis Kempf avaient quitté ce monde pour une vie meilleure. Monsieur Vernier, lui aussi, était allé rejoindre son Sauveur, celui au service duquel il avait consacré sa vie.

Nos effets étaient presque tous secs. Le capitaine fit porter à terre les siens et les nôtres. Je voulais fermer ma malle à clef — petit détail dont on verra la raison tout à