Page:Amiel - Charles le Téméraire, 1876.djvu/63

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VINCENT.

Mais c’est la guerre en plein qu’ici je trouve.Hélas !
Tu dis trop vrai, Rudolf. Jette les yeux là-bas,
Sur la ville. Le duc de Bourgogne en personne
De quatre camps la bloque ou plutôt l’emprisonne ;
Vois autour de Morat, comme un cercle de feu,
Les bivouacs s’allumer. Tout l’enfer est en jeu.
Les bruits sourds, où de loin tu sentais des colères,
Sont les rugissements de soixante veuglaires
Vomissant, jour et nuit, le tonnerre et la mort.

RUDOLF.

Vincent, je sais me taire et respecter ton sort.
Welche et Romand, tu dois avoir d’autres pensées
Que moi sur cette lutte. À ma lèvre, pressées
Viennent les questions, mais j’y veux mettre un frein.
D’ailleurs, on doit aimer ce qui donne du pain,
Et du Vully le sol est un fief de Savoie.

VINCENT.

Qui pense ainsi de nous, beau-frère, se fourvoie
Et tu te fais à tort un semblable souci.