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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/130

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vide, quelque mélodie insaisissable. O saint recueillement, silence de tout bruit extérieur dans la vie de l’âme, sanctuaire d’émotion, d’attente et de tendresse, qu’on est heureux de te connaître, bien qu’on te visite peut-être rarement ! Ces moments lyriques, fils de la nuit et de la musique, de la prière et du repos, ont un parfum si suave, une délicatesse si fugitive !… Pourquoi ne pas les fixer par la poésie ?


XXXV. — L’INVENTION.


Notre force intellectuelle la plus haute et pourtant la plus négligée dans l’éducation ou même la plus menacée, c’est la faculté de trouver. On l’écrase trop souvent chez la jeunesse au profit de l’assimilation. Nous fabriquons ainsi des écoliers, nous ne façonnons pas des hommes. Répétons-nous souvent deux choses : d’abord que l’acte de créer est le point culminant de la vie intellectuelle ; ensuite, que c’est pour apporter quelque chose de neuf qu’il vaut la peine de vivre. Inventons pour être et pour mériter d’être : l’originalité, en ornant l’existence, la justifie.


XXXVI. — LES IMITATEURS.


En littérature, qui dit imitation, dit abdication. L’imitateur est un quidam qui rappelle quelqu’un ; voilà tout. C’est la fiction d’un être et non un être ; la grammaire dirait : un pronom et pas un nom. Si les individualités bien nettes et bien authentiques