Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/110

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ment, et que celles qui les ont suivies ont été longues !

Mais si les plaisirs que j’avais goûtés étaient délicieux, l’inquiétude qui les suivit me les fit payer bien cher. Que je me repentis d’avoir été trop amoureuse ! Les sujets de ma faiblesse se présentèrent à mon imagination avec des circonstances affreuses ; je pleurai, je gémis. Je m’aperçus que mes règles ne coulaient plus ; il y avait huit jours que le temps de les avoir était passé ; elles ne paraissaient pas ; j’en fus surprise. J’avais souvent ouï dire que cette interruption était un signe de grossesse ; j’étais continuellement attaquée de maux de cœur, de faiblesses. Ah ! m’écriai-je, il n’est que trop vrai ! Malheureuse, hélas ! je le sens, il n’en faut plus douter, je suis grosse ! Un torrent de larmes succédait à ces accablantes réflexions. La découverte que j’avais faite ne m’empêchait pas d’aller toujours à nos rendez-vous ; j’étais tremblante, mais j’étais encore plus amoureuse ; le poids victorieux du plaisir m’entraînait ; qu’en peut-il arriver davantage ? mon malheur est à son comble, que ce qui me l’a causé serve du moins à m’en consoler.

Une nuit, après avoir reçu de Martin ces témoi-