Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/114

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reuse avec des traits, avec des expressions dont je ne l’aurais jamais crue capable ; enfin elle ne se gênait pas, parce qu’elle comptait que le père Jérôme aurait la précaution, comme elle le lui marquait, de brûler ses lettres. Il avait eu l’imprudence de n’en rien faire, et je triomphai. Je songeai longtemps de quelle manière je devais me servir de ces lettres pour perdre mon ennemie. Les rendre moi-même à la supérieure, c’était une démarche trop dangereuse pour moi ; il aurait fallu rendre compte de la façon dont je les avais eues ; les faire rendre par quelqu’un, ç’aurait été l’exposer à des questions dont le résultat n’eût peut-être pas été à son honneur et qui aurait pu entraîner ma perte. Je choisis un autre parti, ce fut de les porter moi-même à la porte de la supérieure, au moment que je saurais qu’elle devait rentrer.

Je m’arrêtai à cette idée ; imprudente que j’étais ! je devais brûler ces lettres. Que de chagrins je m’apprêtais, je m’enlevais mon amant ! Cette réflexion, si elle me fût venue, aurait éteint mon ressentiment. Quelque douceur que la vengeance me présentât, aurait-elle un moment balancé la douleur de perdre Martin ? Non, il m’était mille