Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/115

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fois plus précieux que celui qui me flattait le plus dans ce moment. Je ne remis l’exécution de mon projet que jusqu’au temps que je serais hors de danger. Je le fus bientôt. J’avais demandé à Martin une trêve de huit jours ; elle n’était pas encore expirée. Je crus pouvoir alors exécuter le dessein que j’avais formé ; il eut tout l’effet que j’en pouvais attendre. La supérieure trouva les lettres, fit venir la mère Sophie et la convainquit. Peut-être la réflexion eut-elle obtenu sa grâce, si un crime plus grand, et que les femmes ne pardonnent jamais, la rivalité, n’eût rendu sa punition nécessaire pour le repos de la supérieure. Une fille qui a acquis quelques connaissances dans les mystères de l’amour voit clair dans une injure. Si les objets lui manquent, l’imagination y supplée ; elle s’aigrit des difficultés qu’on lui oppose, elle perce et va quelquefois plus loin que la réalité ; mais avec un homme du caractère du père Jérôme, avec une femme du caractère de la supérieure, je craignais moins d’en trop penser que de n’en pas penser assez. La liaison qui régnait entre eux ne me laissait pas douter que le directeur ne partageât secrètement ses consolations spirituelles entre elle et la mère Sophie. La promptitude du