Page:Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses, 1788.djvu/155

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On sait que les femmes ne craignent rien tant que de paraître avoir vécu. Semblables aux fleurs elles n’ont d’autre saison que le printemps, elles tâchent d’en prolonger la durée bien avant dans l’automne. Ainsi, rien ne peut plaire autant à une femme que de lui assurer qu’elle est encore loin de sa vieillesse. Madame Moreau fut très-contente du compliment séraphique ; et la voilà à parler de toutes les femmes de Blaye, et Dieu sait le bien qu’elle en disait ! Notre rusé capucin ne répondait qu’avec beaucoup de réserve, et ses discours étaient ceux qu’inspirait la charité chrétienne. La douceur de ses paroles, la modestie de ses manières, jointes à l’ancienne connaissance avec Mme Durolet, lui méritèrent toute l’amitié de madame Moreau, qui l’engagea à venir le lendemain lui demander à dîner. Le père s’excusa sur ce que c’était jour de retraite au couvent, et la partie fut remise au surlendemain. Durolet avait ses raisons pour retarder d’une journée le bonheur qu’il se faisait de passer une journée avec l’objet de ses plus grands désirs. Il avait déjà machiné dans sa tête le plan qu’il voulait suivre, et il lui fallait le temps de tout arranger. Il apprit au gardien sa charmante découverte, et lui dit qu’il